lundi 11 juillet 2011

Tour de France - "C'est un scandale"

La double chute de Juan Antonio Flecha et Johnny Hoogerland, provoquée par un chauffeur de presse imprudent, a marqué le peloton dimanche. L'imprudence des pilotes est notamment pointée. Christian Prudhomme a qualifié l'accident de scandale et promis de prendre les "mesures nécessaires."
Il restait 37 kilomètres avant l'arrivée à Saint-Flour. Juan Antonio Flecha et Johnny Hoogerland caracolaient en tête de la 8e étape du Tour de France en compagnie de Thomas Voeckler, futur maillot jaune, Sandy Casar et Luis Leon Sanchez qui, moins d'une heure après, allait signer sa troisième victoire sur le Tour. A l'arrivée, les deux baroudeurs ont franchi la ligne avec plus de 16 minutes de retard sur leurs anciens compagnons de fugue. Leurs espoirs de succès se sont envolés sur une chute. Pas une chute comme il s'en produit chaque jour sur les courses. Non, un accident stupide, provoqué par un véhicule de presse qui n'a pas respecté les consignes de sécurité. "C'est un scandale", reprend Christian Prudhomme qui ne décolérait pas dans l'aire d'arrivée.
A Saint-Flour, sur un ton d'une rare détermination tranchant avec sa bonhomie habituelle, le directeur du Tour de France est revenu dans le détail sur ces évènements dommageables. "C'est une voiture d'assistance technique travaillant pour le Direct de France Télévision qui remontait derrière les échappés. A ce moment là, Thomas Voeckler a demandé un bidon. J'ai donc demandé sur Radio Tour au véhicule de presse de s'effacer et de laisser la priorité à la voiture du directeur sportif. Le conducteur n'a pas obéi et a continué à rouler et a heurté les coureurs sur une route étroite." En somme, la cause de cette double chute est bien le refus d'obtempérer du conducteur à une injonction du patron du Tour. Une faute qui ne demeurera pas impunie. " Cette voiture là et ce pilote là n'ont plus rien à faire sur le Tour", a-t-il tranché, très remonté.
Trop de voitures ?
La fermeté de Christian Prudhomme, qui a présenté ses "plus plates excuses" aux deux malheureux, et le geste du jury de la combativité, qui leur a conjointement décerné le dossard rouge, ne leur fera pas oublier leur mésaventure. Flecha, heurté de plein fouet par la voiture, est tombé très violemment sur le bitume. Hoogerland, qui a malgré cet incident récupéré le maillot à pois de meilleur grimpeur, a été propulsé sur la clôture barbelée d'un champ qui jouxtait la route. "C'est incroyable qu'un chauffeur prenne des risques comme ça", s'étouffe Hilaire van der Schueren, directeur sportif du coureur néerlandais au sein de l'équipe Vacansoleil. Luis Leon Sanchez, le vainqueur de l'étape, qui a échappée de peu à la course, estime pour sa part qu'un tel incident était prévisible. "Beaucoup de voitures de l'organisation, avec des invités, nous ont dépassés très vite, en nous frôlant. On sentait l'accident proche."
Du même avis que l'Espagnol, Sandy Casar doit sa non implication dans la chute à la qualité de ses réflexes. "La voiture est vraiment passée très vite sans même klaxonner. J'ai freiné avant qu'elle nous double parce que je voyais bien que cela allait toucher. On était sur une toute petite route, tous déjà très fatigués, avec des gens sur le bas côté", affirme le coureur de la FDJ, qui ne comprend pas qu'un tel évènement puisse se produire sur le Tour de France. "Que cela se produise dans la plus belle course du monde, c'est vraiment dommage", reprend à ce propos Luis Leon Sanchez.
"On prend déjà tellement de risques"
Ravi de voir Thomas Voeckler s'emparer du maillot jaune, Jean-René Bernaudeau, manager du Team Europcar, est également revenu sur l'accident: "C'est une grande injustice. Tout ce qu'on fait est déjà tellement fragile. Thomas gagne mais il aurait pu aussi être dans la chute et être contraint à l'abandon." Le héros du jour, de son côté, semblait particulièrement marqué par cette double chute. Voeckler sait qu'il a échappé de très peu au cauchemar: "On prend déjà tellement de risques, notamment dans les descentes. Quand Flecha est tombé, il m'a heurté la cheville. Je n'ai rien contrôlé. J'ai juste eu un coup de chance. J'aurai vraiment pu être à sa place à ce moment là".
Quatre jours seulement après la chute impressionnante du Danois Nicki Sorensen dont le vélo avait été trainé sur plusieurs dizaines de mètres par une moto de l'agence Getty Images qui avait eu l'imprudence de doubler le peloton dans un moment de grande tension, Flecha et Hoogerland ont donc été victimes de la deuxième chute de ce Tour de France provoquée par des véhicules de presse. "Deux accidents en quelques jours dus aux médias, c'est clairement deux accidents de trop", explique Christian Prudhomme sur un ton sentencieux. "Ça n'est évidemment pas tolérable", reprend-il avant de conclure en annonçant que la direction de course allait réfléchir pendant la journée de repos aux mesures nécessaires à mettre en place pour que plus jamais ne se reproduise de tels évènements.
http://fr.sports.yahoo.com/10072011/70/tour-de-france-c-est-un-scandale.html
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