mardi 10 août 2010

Ch. d'Europe Budapest - La naissance d'un grand

Annoncé comme la nouvelle étoile de la natation tricolore, Yannick Agnel n'a pas déçu lundi à Budapest. Sacré champion d'Europe du 400m libre devant Biedermann avec une incroyable autorité, il a ensuite conquis l'argent lors du relais. A 18 ans, c'est bien un phénomène que tient l'équipe de France.
De l'or dans une main, de l'argent dans l'autre. Yannick Agnel est le grand bonhomme de cette première journée des Championnats d'Europe 2010. Budapest restera sans doute comme le théâtre de la naissance d'un grand champion. Certes, le Niçois était annoncé. Son talent naturel, sa progression fulgurante, ses cinq médailles au dernier Euro juniors... Tout indiquait son avènement. N'empêche. Sa victoire sur le 400m nage libre, lundi, à l'issue duquel il a maté Paul Biedermann en personne, a marqué les esprits.

En Yannick Agnel, la natation française tient incontestablement un phénomène. C'est un talent à la Manaudou. Un joyau comme on en voit rarement à ce niveau. Un incroyable talent, doublé d'une forme d'insouciance qui tient autant à sa personnalité qu'à son âge. Il a accueilli sa victoire avec un naturel désarmant. On lui parle d'exploit, on sort les superlatifs, mais lui reste calme. "Je savais que gagner était une possibilité après mon titre à Helsinki, mais je n'avais aucune pression", explique-t-il. Avec lui, tout parait simple. A ses côtés nageait quand même le champion du monde en titre et détenteur du record du monde. Oui, et alors? "Franchement, je n'ai aucun complexe. J'ai beaucoup de respect pour Biedermannn comme pour tous les autres, mais je vais faire ma course, sans m'occuper de personne", avait-il lancé après les séries du matin.

Détermination, décontraction, insouciance

Facile à dire, sauf qu'Agnel a transformé ses paroles en actes lors de la finale. Sans s'occuper des autres, il a nagé devant. Comme s'il était seul. "Comme je savais qu'il fallait passer vite au 200 m, j'ai pris comme base, le 200 m d'Helsinki (NDLR: lors des Championnats d'Europe juniors en juillet), confie l'Azuréen. Et après j'ai voulu vivre ma course. Je n'ai regardé personne. De toute façon, j'avais les côtés des lunettes usés et de la buée (il sourit). Il y a juste dans les derniers mètres que j'ai jeté un coup d'oeil furtif. Mais globalement, j'ai fait la course pour moi. J'ai juste pris du plaisir à vivre ça."

Décidément, tout est simple avec lui... Après un tel triomphe, il a accueilli l'argent du relais comme une cerise sur son gros gâteau. Déception collective, peut-être, mais à titre individuel, c'est un bonheur supplémentaire. "Il faut aussi arrêter d'être pessimiste, peste-t-il quand on parle d'échec pour le relais. On peut aussi se réjouir d'obtenir l'argent. Fabien et Alain étaient déçus, c'est sûr. Ca m'a chagriné pour eux. Mais pour nous (Meynard et Agnel) c'est la première médaille de ce genre. Il ne faut pas non plus faire tout un flan de ce résultat." Même dans la défaite, il apparait dans le clan des vainqueurs.

Détermination, décontraction, insouciance

Cette heure et demie, entre le 400 et le 4x100, a changé son statut. De grand espoir, il est devenu grand champion. Dans quelques années, quand il se penchera sur sa carrière, Agnel n'en reviendra pas en pensant à 2010. Une année folle pour lui. Premier nageur à battre un record de France en avril, sur 200m libre, depuis la suppression des combinaisons. Deux mois plus tard, il se paye le luxe de battre Michael Phelps sur cette distance. Puis 5 titres à l'Euro juniors et, enfin, la consécration chez les grands à Budapest. Il ne faut pas tout à fait être un champion comme les autres pour réussir un truc pareil. Surtout quand, dans le même temps, il s'est entraîné moitié moins que ses concurrents pour préparer son Bac, qu'il a brillamment obtenu, avec mention bien s'il vous plait. "Oui, on peut dire que cette année est assez riche en émotions et en événements", sourit l'intéressé.

Et dire qu'à Budapest, il ne s'alignera même pas sur sa distance de prédilection, le 200m, pour n'avoir pas rempli les critères de sélection. Le 200m, la course de ses rêves, celle de ses idoles d'enfance, Van den Hoogenband et Thorpe. Celle où il se verrait bien écrire ses plus belles pages à l'avenir. Mais attention. Le temps de l'innocence ne durera pas éternellement. Le plus dur est sans doute à venir. Est-il à l'abri d'une trajectoire à la Laure Manaudou, montée si vite au firmament mais qui n'a pu (ou su) durer aussi longtemps qu'on l'imaginait? Fabrice Pellerin, son entraîneur, le croit. "C'est un mélange de détermination, de décontraction, et d'insouciance, dit-il à propos de son poulain. Il est capable de bosser comme un dingue tout en chantant à l'entraînement." Chaque destin est singulier. Chaque champion est différent. Mais une chose est sûre. Yannick Agnel, lui, est unique.

Eurosport
http://fr.sports.yahoo.com/09082010/70/ch-d-europe-budapest-la-naissance-d-un-grand.html

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