lundi 9 août 2010

Natation - Agnel, un joyau taillé pour gagner

La natation française a de la chance, à moins qu’elle ne dispose d’un talent unique pour révéler des nageurs de classe mondiale. Car après Laure Manaudou et Alain Bernard, un nouveau phénomène est sur le point d’éclore. Alors, bien sûr, rien n’est acquis, mais l’équipe de France tient peut-être en Yannick Agnel, jeune homme longiligne et passionné de science-fiction, un nageur digne de ses illustres aînés.

Le Nîmois d’origine s’est d’abord fait connaître par son franc-parler. En avril 2009, lors des Championnats de France à Montpellier marqués par la polémique des combinaisons, l’élève de Fabrice Pellerin à l’Olympic Nice Natation crève l’écran en s’alignant en maillot de bain. Du haut de ses 16 ans, il justifie son choix de ne pas revêtir de seconde peau en polyuréthane avec la maturité d’un taulier. « On parle plus des combis que des nageurs. Pourtant, il faut voir comme on s’entraîne dur. La nouvelle génération de combinaison a faussé la donne. » Des mots forts, réfléchis, qui scellent dans le marbre le caractère de cette étoile montante.

A Budapest pour apprendre
Le grand blond a la tête sur les épaules, mais c’est aussi un joyau brut. « Il a du talent, confirme Alain Bernard, mais il est jeune, il faut le laisser mûrir et grandir. » Surtout, ne vous fiez pas à son air dégingandé. Dans l’eau, le Niçois est un redoutable prédateur. Aux derniers Championnats de France à Saint-Raphaël (13-18 avril), Agnel a fait étalage de son potentiel en s’adjugeant le 200 m nage libre. Une victoire agrémentée d’une référence nationale (1’46’’35), sa première et la seule de la compétition, et d’une médaille d’argent sur 400 m nage libre, qu’il disputera aux Championnats d’Europe à Budapest. Pour beaucoup, le Sudiste dispose des armes nécessaires pour titiller le favori allemand, Paul Biedermann. « On verra », tempère son coach Fabrice Pellerin. « Yannick est jeune, il découvre l’équipe de France. Il est là pour apprendre, même si cela ne doit pas l’empêcher de donner le meilleur de lui-même. »

Pour cela, pas d’inquiétude. Le Niçois ne goûte que modérément aux deuxièmes places. « Yannick n’est pas du genre à trouver dans les médailles d’argent la consolation d’une médaille d’or », abonde Fabrice Pellerin. A l’Open EDF de Paris (26-27 juin), trois semaines après avoir décroché son baccalauréat, le Français a démontré son insatiable appétit en devançant l’Américain Michael Phelps sur 200 m nage libre. « Phelps est un extraterrestre de la natation. Il réussit tout ce qu’il touche. Sur 200 m, j’ai bien conscience qu’il n’était pas affûté à son maximum. Normalement, il nage quatre secondes de moins. » Mûr, on vous disait, mais aussi lucide et humble.

Insensible à la pression
La révélation tricolore aurait pu se monter la tête, tirer des plans sur la comète ou se la raconter. Pas le genre de la maison. « Son éducation est à saluer, renchérit son entraîneur. Yannick est un nageur exigeant. Il sait précisément ce qui est de nature à le contenter. » Pas question donc de fanfaronner. Pas question non plus de brûler les étapes. « J’ai besoin de progresser à mon rythme », acquiesce l’espoir français. « Aller trop vite n’est pas forcément une bonne chose. A chaque étape il y a des repères à prendre qui seront déterminants pour la suite. » Pas étonnant donc de l’avoir vu s’envoler début juillet pour les Championnats d’Europe juniors à Helsinki. Une dernière sortie en juniors couronnée de succès. Avec cinq titres européens, dont trois en individuel, l’Azuréen a égalé le Néerlandais Pieter Van Den Hoogenband et préparé idéalement les Euro seniors à Budapest.

Rares sont les jeunes athlètes à faire l’unanimité à ce point. A l’instar d’un Christophe Lemaitre en athlétisme, Agnel séduit et convainc à chacune de ses courses. « Et il n’a pas fini de progresser », promet Alain Bernard. Car s’il culmine à 2 mètres, le Niçois manque encore de caisse – il ne pèse que 80 kg. Sous la houlette de son entraîneur, il a bien débuté la musculation cette saison, mais avec parcimonie. Quant à la pression, elle ne semble pas l’atteindre. « Je ne m’occupe pas trop de ce que les gens disent. A chaque course, j’y vais à fond », souligne le jeune homme. Et pour l’heure, il s’agit certainement de la meilleure méthode pour s’imposer !
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