lundi 13 juin 2011

Les frasques du marathonien kényan l’ont conduit à la mort

Il était le meilleur marathonien du monde. Un athlète surdoué, champion olympique à Pékin, qui n’avait qu’un seul défaut : brûler sa vie aussi vite qu’il courait. Samuel Wanjiru, 24 ans, a été inhumé samedi dans sa ville de Nyahururu, à 150 km au nord de Nairobi, la capitale du Kenya. Près d’un millier d’admirateurs s’étaient rassemblés dans son stade fétiche pour un dernier hommage, là où le sportif, quand il n’était encore qu’un gamin, avait enchaîné ses premiers tours de piste et révélé l’étendue de son talent.                             
Ses funérailles auraient dû se dérouler il y a près d’un mois déjà, mais sa mère, Hannah, avait alors brandi une machette avant la cérémonie, exigeant une enquête sérieuse sur la mort de son fils. Car les circonstances de la disparition de Wanjiru restent passablement floues. « Les investigations policières ont été bâclées, juge René Augain, agent de nombreux coureurs français, résumant le sentiment général. Je ne crois pas qu’on aura un jour le fin mot de l’histoire. » Seule certitude pour l’instant : Samuel Wanjiru est mort dans la nuit du 15 au 16 mai dernier, s’écrasant sur sa terrasse après avoir chuté du balcon de sa maison de Nyahururu. Une chute de 4 m qui ne lui a laissé aucune chance. L’athlète est tombé face contre terre, avant de décéder quelques heures plus tard à l’hôpital.

Un violent coup derrière la tête

D’abord, c’est l’hypothèse d’un suicide qui a été brièvement retenue, avant que les circonstances du drame ne se précisent. Le soir des faits, la femme de Wanjiru était rentrée plus tôt que prévu à leur domicile, où elle avait découvert son marathonien d’époux dans le lit conjugal avec une serveuse du voisinage. Elle aurait alors enfermé le couple illégitime, avant de prendre la fuite. C’est en voulant la rattraper que Samuel Wanjiru serait tombé du balcon, comme l’atteste le rapport de la police locale. Une version qui n’a jamais satisfait les proches de la victime. A la demande de sa mère, une autopsie a finalement été pratiquée deux semaines après sa mort. Ses conclusions sont sans appel : le sportif est décédé d’un violent coup derrière la tête. Or, comme il est tombé sur le ventre, il ne peut s’agir que d’un meurtre. Contre toute attente, la police n’a pas souhaité modifier son premier rapport, au grand dam de la famille, tout en précisant que « l’enquête se poursuit ». Elle devrait être des plus complexes.
Pour corser les choses, pas moins de trois hommes se sont présentés comme étant le père de Samuel Wanjiru. Deux femmes lui attribuent, elles, la paternité de leur enfant. Désormais, c’est donc la course à l’ADN pour tenter de déterminer qui dit vrai. Et surtout qui peut hériter.
Quoi qu’il en soit, la disparition du champion jette une lumière crue sur une vie dissolue, emblématique de celle de certains champions éclos trop tôt dans une discipline qui ne tolère pas le moindre écart. Loin d’une hygiène de vie ascétique, l’enfant terrible du marathon avait multiplié les dérapages ces derniers mois. En décembre, il avait été placé en garde à vue après avoir menacé sa femme avec un kalachnikov, déjà dans le cadre d’une dispute conjugale liée à ses infidélités. « On savait qu’il était sur la mauvaise pente et qu’il avait des problèmes avec l’alcool, confirme un autre agent français. Mais sa mort a été un choc pour tout le monde. Il n’était encore qu’un gamin. »
http://www.leparisien.fr/faits-divers/les-frasques-du-marathonien-kenyan-l-ont-conduit-a-la-mort-13-06-2011-1491285.php

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